Le celèbre concept lydien de George Russell

Tout d’abord, commençons par une présentation du musicien.

George Russell est un compositeur, théoricien, arrangeur, pianiste et batteur américain, né à Cincinnati le 23/06/1923 et décédé à Boston le 29/09/2009.

Il est l’un des premiers jazzmen à avoir contribué à la théorie générale de la musique, avec son ouvrage de 1953, le « Concept chromatique lydien de l’organisation tonale ».

Il a également participé à la naissance du Bebop, inventé le jazz Modal, et contribué aux dernières évolutions du jazz, intégrant à ses compositions la musique électronique et les rythmes du rock et du funk.

George Russell est né à Cincinnati dans l’Ohio, il débute comme batteur chez les boy scouts puis joue avec l’ensemble de L’université Wilberforce.

En 1944 il entre dans le Big Band de Benny Carter et écrit sa première composition « New World ».

En 1945 il s’installe à New-York, où il côtoie Charlie Parker, Miles Davis, Max Roach, Gil Evans. Progressivement il se fait connaître dans le cercle des jeunes inventeurs du be-bop.

A la demande de Dizzy Gillespie, George Russell écrit un arrangement pour son Big Band : « Cubano Be/Cubano Bop ». Cette œuvre marque les début de l’influence de la musique afro-cubaine sur le Jazz, mais également les débuts du jazz modal. 

C’est entre 1945 et 1946, alors qu’il est hospitalisé pour cause de tuberculose, qu’il élabore le Concept Lydien Chromatique d’Organisation Tonale, le traité fondateur du jazz modal (publié en 1953).

Ce n’est qu’en 1956 qu’il enregistre sous son nom (« George Russell and his Smalltet » avec notamment le pianiste Bill Evans). L’album s’intitule « Jazz Workshop », et s’inspire directement des principes du Concept Lydien.

A la fin des années 50, Russell est à l’origine du « Third Stream » (le Troisième Courant en français), qui propose de croiser le jazz avec les procédés de composition de la musique dite savante.

Dans ce contexte il compose le morceau « All About Rosie » (1957). Le langage chromatique utilisé et l’excellente performance de Bill Evans en font l’un des morceaux les plus populaires de George Russell.

Il compose ensuite une suite orchestrale, « New York, New York », avec John Coltrane, Bill Evans, Art Farmer, Bob Brookmeyer, Max Roach, etc.
Puis « Jazz in the Space Age », une réalisation exceptionnelle avec en même temps Bill Evans et Paul Bley aux pianos.

George Russell monte en 1960 un sextet avec ses élèves de la « Lenox School of Jazz ».

Six disques seront produits, sur lesquels figureront les nouvelles compositions de Russell, dont « Stratusphunk », « Blues in Orbit », et « D.C.Divertimento », mais aussi des arrangements d’anciens morceaux et de standards, et des compositions des membres du sextet.

De ces six disques, deux ressortent particulièrement : « Ezz-Thetic » pour sa parfaite cohérence et les solos d’Eric Dolphy, et « The Outer View ». 

En 1964, George Russell s’installe en Europe du nord, où il travaille en Big Band avec des musiciens tels que Jan Garbarek, Terje Rypdal, Palle Mikkelborg, Jon Christensen, etc.

Deux œuvres majeures du jazz d’après guerre ressortent de cet exil : « Electronic Sonata For Souls Loved by Nature » et « Vertical Form ».
 »Electronic Sonata » inaugure l’utilisation de l’électronique en jazz. Les rythmes binaires issus du rock et du funk naissant y font aussi une entrée remarquable.
 »Vertical Form », le concept éponyme de l’album, se base sur le Concept Lydien pour trouver de nouveaux procédés de composition.

En 1978, George Russell dont la notoriété s’est accrue en Scandinavie, crée son propre organisme d’édition et de production : « Concept Publishing ». 

Revenu en Amérique il monte un premier orchestre appelé New-York Big Band avec lequel il fera deux disques où son repris quelques morceaux emblématiques comme « Lydiot » ou « D.C. Divertimento » et de nouvelles compositions comme « Time Spiral ». Puis il crée l’orchestre Living Time, toujours en activité aujourd’hui.

La composition « The African Game », enregistrée pour Blue Note est sa composition la plus ambitieuse des années 80, c’est un voyage musical au travers des différents âges de l’homme, une sorte de résumé de ses préoccupations musicales et spirituelles (marquées notamment par les philosophies orientales et l’enseignement de G.I. Gurdjieff). Le disque est nominé aux Grammy Award en 1985.

En 1996, la Cité de la Musique de Paris lui commande une nouvelle version de la suite « Living Time » avec l’ajout d’un ensemble de cordes, ce qui lui permet de réenregistrer dans de meilleures conditions et selon lui avec un meilleur mixage, l’œuvre dédiée à Bill Evans.

George Russell décède en juillet 2009, suite à des complications de la maladie d’Alzheimer, à l’âge de 86 ans.

Le parcours de George Russell résume l’histoire du jazz moderne, de l’élargissement théorique et harmonique des années 60 à la question de la place de la composition et du compositeur dans une musique largement improvisée, mais pas uniquement, en passant par l’intégration de l’électronique et du langage des nouvelles formes de musique populaire.

 Parmi les musiciens de jazz aujourd’hui internationalement reconnus, beaucoup ont été révélés par George Russell, on peut citer : Bill Evans, Joe Hunt, Steve Swallow, Dave Baker, Carla Bley, Paul Bley, Jan Garbarek, Terje Rypdal.

Musiciens qui ont joué les compositions de George Russell : Benny Carter, Charlie Parker, Miles Davis, Lee Konitz, Gil Evans, Art Farmer, Gerry Mulligan, etc.

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